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Ludivine Halloy

« La différence entre un rêve et un projet, c’est une date »

– Walt Disney

J’aime cette citation pour deux raisons. La première, c’est qu’elle me renvoie à mon identité de praticienne : inventer, créer, composer et planifier… pour parvenir à ses fins. La deuxième, c’est que cette phrase nous suggère que tout est possible.

Enfin, ma cerise sur le gâteau, c’est que Walt Disney était dyslexique. A 18 ans, il a été renvoyé de son travail pour manque d’imagination et de créativité… La citation choisie renvoie non seulement à une philosophie mais aussi à sa très belle histoire.

La nuit des temps de Barjavel

Le livre qui m’a fait le plus rêver et me laisse songeuse encore aujourd’hui est « La nuit des temps »  de Barjavel car l’auteur nous renvoie sans ménagement à nos travers : bêtise, arrogance, suffisance, convoitise… mais c’est également l’histoire de la solidarité, de l’intelligence et de la capacité d’émerveillement de l’être humain.

J’aime les personnages littéraires libres de tout préjugé ou contrainte sociale : Patricia dans le Lion (Kessel), Cécile dans Bonjour tristesse (Sagan), Pannonique dans Acide sulfurique (Nothomb), Marguerite dans l’amant (Duras),…

Biographie

La relation à l’enfant, le besoin d’offrir à tous des chances égales d’émancipation sociale (décret Mission, article 6, mission 4) et l’intérêt pour les techniques didactiques innovantes m’ont naturellement guidée vers l’enseignement spécialisé. J’y ai rencontré des élèves de profils variés. J’ai donc été amenée à entretenir une réflexion constante quant à ma pratique professionnelle. Les cours de pédagogie (ESPB, master en sciences de l’éducation, orthopédagogie clinique,…), les modules sur les troubles et déficits d’apprentissage ainsi que le travail en équipe pluridisciplinaire (enseignants, logopèdes, thérapeutes, etc.) m’ont permis de parfaire ma formation initiale.

Depuis maintenant sept ans, je donne des formations à un public adulte : écoles normales (futurs enseignants et éducateurs), centres PMS, équipes pédagogiques dans les écoles primaires & maternelles. J’y ai trouvé un souffle nouveau, une nouvelle vision de l’enseignement comme communauté de partage.

Ma joie est grande d’écrire pour Atzeo car cette maison d’édition rencontre mes compétences, mes passions et mes valeurs.

Souvenir pédagogique

Il y a 15 ans, mon directeur a décidé de modifier nos emplois du temps afin que nous soyons polyvalents et capables de prendre n’importe quelle classe au pied levé. C’est ainsi que dans mon horaire, tous les mercredis, je devais prendre la classe des élèves polyhandicapés. Le titulaire, Herman Theunissen, me fit alors un résumé de la situation en guise de passage de relai : « Ludivine, dans cette classe, les élèves ont été évalués entre 10 et 20 de QI. A titre d’indicateur, le QI d’un berger allemand est estimé à 30.  Ici, certains élèves ne sont pas encore vraiment nés, un tel a beau avoir 11 ans, il ne sait pas mâcher et déglutir seul. ».

Très interloquée, très loin de ma formation initiale et de tout ce que j’avais appris jusque-là, je lui ai alors demandé à quoi il passait ses journées avec eux. Très sérieusement, il a alors mis sur la table une dizaine de gros classeurs en disant : « Ceci est mon projet pédagogique. ». J’ai cru qu’il se moquait de moi mais quand j’ai ouvert le premier classeur, il y avait : « 1. Mettre son manteau. », s’ensuivait alors toutes les étapes praxiques nécessaires à l’opération ainsi que la description de tout le matériel imaginé et construit pour y arriver.

J’étais stupéfaite : autant de réflexivité et de créativité pour des enfants qui ne parleront ni (peut-être) ne marcheront jamais… C’est alors qu’il m’a dit : « Si tu as de l’ambition pour les élèves de cette classe, tu en as pour tous les autres. C’est ici que se trouve la vraie humanité. ». J’ai alors compris que mon cœur serait à jamais en enseignement spécialisé.

Photo prise par l’auteur

J’aime cette photo de mes enfants qui jouent entre les pierres multi centenaires de Jordanie. Un lieu chargé d’histoire, portant les stigmates des croisades, et, en contre-jour, leur insouciance et leurs rires. La vie continue toujours, comme le disait Aragon :

« (… ) Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages (…) »

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